Baloubet du Rouet : l’atypique étoile

« Peu de gens y croyaient (…) ce n’était pas un beau modèle ». En 1992, Baloubet du Rouet a 3 ans et ne fait pas (encore) rêver les foules. Comme l’explique Yannick Fardin, le petit fils de Louis Fardin (naisseur de Balouet), ce grand poulain à tête très haute n’aura pas l’occasion de briller au concours des étalons. Mais il sera, quelques années plus tard, l’un des chevaux selles-français ayant le plus marqué l’histoire du concours de saut d’obstacles, et plus globalement le sport équestre. Il est le seul cheval à avoir gagné consécutivement 3 fois la finale du circuit Coupe du Monde avec Rodrigo Pessoa. Retour sur l’histoire de cette légende alzane au caractère bien trempé.

©Frédéric Chéhu

Les origines de Baloubet du Rouet

C’est en 1989, à Juilley dans la Manche, que ce produit de « Galoubet A » (selle-français) et « Mésange du Rouet » (selle-français également) voit le jour chez monsieur Louis Fardin. Son pedigree a de quoi en faire rêver plus d’un. Il est vendu au Docteur Blanchard qui confiera Baloubet à Remy Bourdais.

Des débuts mitigés

Et le moins que l‘on puisse dire, c’est que le physique de l’étalon ne fait pas l’unanimité. Son port de tête très haut et son encolure en « gorge de pigeon » ne lui permettent pas de participer à l’épreuve de saut du concours des étalons à 3 ans (les épreuves montées avaient, à l’époque, lieu le lendemain de la présentation en main sous réserve de qualification)… Il n’est pas retenu en raison de son physique.

Ce qui n’empêche absolument pas la famille Coutinho d’avoir un véritable coup de cœur pour ce cheval et d’en devenir propriétaire à l’aube de ses 4 ans.

Comme l’explique Rémy Bourdais, le cavalier de Baloubet : « La famille Coutinho a fait une offre au début des 4 ans et nous n’avions pas les moyens de la refuser. Je sais gré à cette famille (portugaise, ndla) de me l’avoir laissé au travail pour les 4 ans puis à 5 ans. À 4 ans il était désordonné, pas qualifié. Ça rigolait dans mon dos ! Je passais outre. À 5 ans le cheval évoluait bien au point que j’avais systématiquement trois personnes qui me le demandaient en sortie de piste. Mais bien malin celui qui aurait pu prédire ce qui allait suivre. À 6 ans je faisais les engagements SHF pour son nouveau cavalier Nelson Pessoa, qui n’était pas très informé du système français ».
Source : l’Eperon

Force tranquille en dehors de piste, Balouet du Rouet possède cependant une très forte personnalité le rendant quelque peu délicat à monter. Il n’en reste pas moins muni d’une force et d’une niaque qui lui sont propre, lui permettant d’obtenir un palmarès inégalé.

Ses exploits

Rodrigo Pessoa et Baloubet du Rouet : un couple en or

L’année des 6 ans est venue concrétiser tout le travail fourni précédemment par le cavalier français. Dorénavant sous la selle de Nelson Pessoa, Baloubet sera finaliste du Championnat du Monde des 6 ans, champion de France à 7 ans et finaliste aux Jeux Équestres Mondiaux de Rome la même année, en juin 1998.

Ces victoires ne sont que le début d’une très longue série pour Baloubet.

Après Rome, le cheval est confié à Rodrigo Pessoa, le fils de Nelson. Il ne faudra patienter que quelques mois pour voir briller ce couple mythique. En effet, ils remportent en 1998 la finale de la Coupe du Monde à Helsinki. Exploit réitéré consécutivement à 2 reprises à Göteborg en 1999 et Las Vegas en 2000. Il est, à ce jour, le seul cheval s’étant offert trois victoires successives dans la Finale de la Coupe du Monde. La même année, il est sacré médaille de bronze par équipe aux Jeux Olympiques de Sydney. En 2001 et 2003, il termine par 2 fois 2ème de la coupe du Monde.

C’est en 2004 que la consécration arrive. Le couple monte sur la première marche du podium aux Jeux Olympiques d’Athènes en individuel.

Et viennent compléter son palmarès : deux victoires dans la Finale du Top Ten, de nombreuses victoires en Grand Prix 5* (gagnant à 2 reprises du Grand Prix Coupe du Monde de Bercy, à Bordeaux, Genève, Rotterdam, Bruxelles…). C’est plus de 65 victoires internationales

Baloubet du Rouet est l’un des chevaux de saut d’obstacles le plus titré au monde.

Une retraite bien méritée

En 2006, le champion Baloubet tire sa révérence et prend sa retraite. Une nouvelle carrière de reproducteur s’offre à lui. Et c’est à nouveau un beau palmarès qui s’offre à lui. Agréé par 5 stud-books (Selle-Français, Hanovrien, Holstein, Oldenbourg et Belge), il sera le père de nombreux cracks tels que Chaman, Balou du Rouet4, Palloubet d’Halong, Sydney Une Prince, Querlybet Hero et nombreux autres…. Recherché dans toute l’Europe, Baloubet est une fierté pour l’élevage français et la preuve du savoir-faire normand.

C’est en 2010 qu’il rejoint la propriété de la famille Coutinho avant de s’éteindre en 2017.

Avec son style qui lui était propre, Baloubet a marqué le monde de l’équitation. Sa fougue et sa manière de jouer sur les terrains de concours resteront dans les mémoires des cavaliers. Le talent de l’alezan continue de briller sur les terrains, au travers de sa descendance.